recherche

affiliée à la

pratique musicale

IRCAM Selma Namata Doyen

Histoire de l’Art et Sciences Sociales

En parallèle de sa pratique musicale, Selma Namata Doyen a mené une double formation universitaire. À l’Université Paris-Nanterre, elle consacre son mémoire aux rôles et enjeux de l’aménagement des lieux d’exposition à Strasbourg sous l’Occupation, à travers le cas du Wacken, utilisé alors comme espace de propagande visuelle et de transformation de l’identité publique (sous la direction de Madame Judith Delfiner, Maîtresse de Conférences en Histoire de l’Art à l’Université Paris-Nanterre et Monsieur Thierry Dufrêne, professeur des Universités et co-directeur de l’UR HAR).
Ce travail cherche à comprendre comment un espace public peut servir un projet idéologique autoritaire, et souligne combien cette histoire reste peu transmise et peu interrogée aujourd’hui. Il prolonge en partie sa démarche artistique, nourrie par une attention aux récits effacés ou marginalisés. Le rôle de la musicienne, comme celui de toute personne en prise avec l’espace public, implique une certaine responsabilité. Sans chercher à poser de vérités, elle s’efforce de rester attentive aux silences, aux constructions symboliques, et à ce qu’elles disent — ou tentent d’effacer. Pour elle, la musique — et particulièrement l’improvisation — peut ouvrir un espace de remise en question, de résistance et de transmission, où d’autres récits peuvent se construire.

Dans un second master à l’Université de Bourgogne, elle oriente sa recherche vers les enjeux structurels du champ musical, avec un mémoire intitulé La nouvelle génération de jazz en France : dispositifs et problématiques liées à la transformation des musicien·ne·s en entrepreneur·e·s, prenant pour étude de cas le trio [Na] et le dispositif Jazz Migration (sous la direction de M. Renaud Garcia-Bardidia, professeur des Universités).
Elle poursuit aujourd’hui cette réflexion en amorçant une thèse en sciences sociales, dont le terrain porte sur son propre environnement de pratique : les scènes jazz et improvisées, et les dynamiques professionnelles et artistiques qui les traversent. Cette démarche soulève aussi des questions de méthode et de positionnement : qu’est-ce que cela implique, en tant que musicienne, d’observer et d’analyser le milieu dont on fait soi-même partie ?

PointBreak

Selma Namata Doyen est également membre de l’équipe de PointBreak (https://pointbreak.fr), structure à la fois média, espace de création et réflexion autour des musiques créatives, expérimentales et improvisées. Elle y contribue régulièrement par des articles et entretiens en lien avec des thématiques qui croisent musique, histoire, société et mémoire. Ce travail prolonge sa démarche artistique et de recherche, avec une attention particulière portée aux récits peu documentés, aux dynamiques de transmission, et aux questions de visibilité. Elle s’intéresse notamment aux parcours de la nouvelle génération de musicien·nes, et plus particulièrement à ceux de femmes et personnes issues de minorités de genre dans les scènes jazz et improvisées. Elle explore également des sujets comme l’évolution du maloya, la musique turque dans le contexte migratoire en Allemagne, ou encore le label Amiga, issu de l’ex-Allemagne de l’Est, dont elle essaie de comprendre le rôle culturel à travers son histoire et sa mémoire. À travers ces écrits, elle cherche avant tout à documenter, relier, et partager, en contribuant à sa manière à une archive sensible et en construction.

(UK)
Art History and Social Sciences
Alongside her musical practice, Selma Namata Doyen has pursued a dual academic path. At Paris Nanterre University, she wrote a dissertation on the spatial and ideological restructuring of exhibition venues in Strasbourg under the Occupation, focusing on the case of Wacken, used at the time as a site for visual propaganda and the reconfiguration of public identity (supervised by Judith Delfiner, Senior Lecturer in Art History at Paris Nanterre, and Thierry Dufrêne, Professor and co-director of the HAR Research Unit).
This research seeks to understand how public space can be instrumentalised in the service of an authoritarian ideological project, and highlights how little this history has been transmitted or critically examined today. It also echoes her artistic practice, which is attentive to erased or marginalised narratives. For her, being a musician — like any person engaged in the public sphere — carries a certain responsibility. Without claiming to offer definitive answers, she strives to remain attentive to silences, symbolic constructions, and what they reveal — or seek to conceal. Improvisation, in particular, becomes a way to open space for questioning, resistance, and transmission, where alternative narratives can emerge.
In a second master’s programme at the University of Burgundy, she focused her research on the structural dynamics of the music field, writing a dissertation titled The New Generation of Jazz in France: Dispositifs and Issues Related to the Transformation of Musicians into Entrepreneurs, using the trio [Na] and the Jazz Migration programme as a case study (supervised by Prof. Renaud Garcia-Bardidia).
She is currently continuing this line of inquiry through a PhD in social sciences, with a fieldwork focus on her own artistic environment: the jazz and improvised music scenes, and the professional and creative dynamics they embody. This approach also raises questions of methodology and researcher positioning: what does it mean, as a musician, to study the very world one belongs to?
PointBreak
Selma Namata Doyen is also a member of the team at PointBreak (https://pointbreak.fr), a structure that functions both as a media outlet and a space for reflection and creation, dedicated to creative, experimental, and improvised music. She contributes regularly to its editorial work through articles and interviews on themes at the intersection of music, history, society, and memory. This work extends her artistic and research practice, with a focus on under-documented narratives, questions of transmission, and the visibility of marginalised voices.
She is particularly interested in the trajectories of the new generation of musicians, especially women and gender minorities in the jazz and improvised music scenes. Other topics she explores include the evolution of maloya, Turkish music in the context of migration in Germany, and the East German label Amiga, which she studies through its historical and cultural legacy. Through these texts, she aims to document, connect, and share — contributing, in her own way, to a living and sensitive archive.

(uk)